Une fois de plus, jeudi 8 janvier 2015, le Puy-en-Velay
n’était pas en France.
En effet, la journée de deuil national partout respectée
ce jour-là, ne l’était pas ici car
la ville n’avait pas de maire, celui-ci ayant, comme à son habitude, privilégié son
agenda national à son agenda local. Et c’est seulement le lendemain, vendredi
9, que la mairie a organisé une minute de silence.
Ont été avancées des raisons de sécurité (la
fusillade à Montrouge le matin même). La Préfecture et le Conseil Général qui,
eux, ont respecté les directives nationales apprécieront ! Et il est vrai
que le climat du vendredi était autrement sécurisant (suspects en fuite, prises
d’otages…).
De plus, la cérémonie a pris une tournure encore
plus personnelle lorsqu’on a entendu des enfants des écoles privées catholiques
lire la Déclaration des droits de l’Homme ! L’hommage aux caricaturistes
eut été sans doute plus pertinent si les enfants du collège Saint-Régis
Saint-Michel avaient pu réciter quelques citations anti-cléricales de
Charlie-Hebdo.
Encore une fois, le numéro 3 de l’U.M.P. a
privilégié son image à l’intérêt de ses administrés, son parti à la ville dont
il est maire… seulement les fins de semaine et quand il n’est pas à Roland
Garros.
Polémique stérile ? Non, bien sûr, car cette
récupération à des fins politicienne est tout simplement abjecte.
Ici comme ailleurs, d’immenses rassemblements ont
eu lieu. Certes, on peut s’émouvoir de l’élan naïf et républicain de 4 millions
de personnes très hétéroclites. On peut comprendre leur besoin de se réunir et
de manifester leur solidarité, leur rejet de la barbarie mais, on doit aussi
souligner que messes et Marseillaises sont pour le moins d’incongrus hommages.
"Nous
avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine :
ça me fait bien rire." Willem (dessinateur à Charlie Hebdo)
« C’est
formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce
que sont les dessins de Charlie. » Luz (dessinateur à Charlie Hebdo)
"Nous
vomissons sur tous ces gens qui, subitement, disent être nos amis." Willem
(dessinateur à Charlie Hebdo)
Un pigeon a déféqué sur François Hollande pendant
son accolade avec Patrick Pelloux pendant la manifestation de dimanche à Paris :
Charlie Hebdo c’est ça !
Lorsque Laurent Wauquiez a déclaré que l’U.M.P.
était unanime pour que Marine Le Pen participe à la manifestation nationale, il s’est
adressé aux électeurs du F.N. dans l’espoir qu’ils soient un jour les siens. Ses
propos sont non seulement indécents mais surtout profondément choquants,
preuves d’un cynisme sans limite.
La belle (quasi) unanimité de ce week-end ne doit
pas faire oublier les fractures qui menacent : tentation de l’amalgame,
peurs irrationnelles,
emballements sécuritaires,
replis identitaires qui alimenteraient racismes et
intégrismes. Ce devrait être l’occasion, au contraire, de transformer toute
cette énergie en prise de consciences intelligentes.
Après avoir privatisé la journée de deuil national,
habillement courtisé les électeurs frontistes, Laurent Wauquiez ne semble,
hélas, pas prêt à ce courage politique et salutaire. Comme toujours, sans
aucune pudeur, il polémique.
Puisse Laurent Wauquiez, comme ces millions de
républicains acheter et lire Charlie Hebdo mercredi prochain et en prendre de
la graine. La liberté de la presse a été attaquée
. Nous sommes
désormais là
pour, localement, reprendre le flambeau.
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