jeudi 27 mai 2021

LE SI LONG NEZ DU PÈRE-NOËL

Toute sa vie durant, Laurent Wauquiez n’a jamais fait autre chose qu’appliquer le précepte de Joseph Goebbels « Plus le mensonge est gros, plus il passe. » La totalité des pages de ce journal ne suffiraient pas à en contenir le rappel mais tout le monde aura en tête quelques uns de ses plus grossiers : les embellissements mythomaniaques de sa biographie, son entêtement à nier ses propos de l’instant d’avant en pleine interview, ses inventions, contre-vérités, tours de passe-passe, approximations délibérées, affabulations farfelues, tromperies, calembredaines et autres petits arrangements avec la vérité. Si le mensonge est le propre de l’homme politique, il est chez Wauquiez une caricature de ce qui peut se faire de pire.


Élu à la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, il est bien déterminé à exploiter cette tribune pour servir son plan de carrière, comme il l’a toujours fait, à la Mairie du Puy-en-Velay et dans les différents ministères qu’il occupa brièvement. Aussi, chaque décision, chaque subvention, chaque déclaration, chaque déplacement doivent être minutieusement orchestrés à grands renforts de communication, à des fins purement électoralistes, sans soucis de l’intérêt général. Le moindre bourg subventionné, les lycées, les TER et jusqu’au sommet de l’aiguille de la Grande Sassière (3750 mètres d’altitude) affichent désormais le logo en blanc et bleu de la marque régionale déposée, envahissant matraquage publicitaire. Tout doit rapporter en terme d’image, servir un message glorifiant son ego, jusqu’à la présentation des comptes. On se souvient que la Cour du même nom avait reproché au maire du Puy-en-Velay qu’il était, d’annoncer délibérément de fortes dépenses à son budget prévisionnel pour pouvoir ensuite démontrer leur parfaite maîtrise en ayant simplement repoussé quelques travaux et très logiquement moins dépensé. Cela permet également de maintenir artificiellement un fort taux d’imposition qui gonfle d’autant les recettes. Tout ceci est bien entendu interdit mais cet avis reste malheureusement consultatif.
Le budget régional, autrement colossal, offre d’autres perspectives en trompe l’oeil pour contribuer à sa légende personnelle. Il s’est ainsi auto-décerné, en tant que président de Les Républicains, le diplôme de la Région la mieux gérée de France. Sans aucun scrupule, il présente en effet la baisse des dépenses comme le résultat de sa glorieuse «chasse au gaspillage» et de sa rigoureuse lutte contre le «mille-feuille administratif», comme une drastique réduction du scandaleux «train de vie des élus» et des «frais généraux», alors qu’elle résulte pour l’essentiel des baisses de budget de la formation professionnelle et de l'apprentissage (- 45 millions d’euro en 2016, puis - 62 en 2017), de l’action économique (-17,2 millions), de l’aménagement des territoires (-11 millions). Un analyste attentif découvrira également un habile jeu d'écriture portant sur 20 millions d'euros, au sujet des pénalités contractuelles versées par la SNCF à la Région, qui n'ont pas été traitées comptablement comme des recettes mais extournées des dépenses de fonctionnement. Malin, n’est-ce pas ?
L’investissement, maquillé de la même façon, représente seulement 3% selon le CESER, et non pas 21 comme proclamé : 47 millions sont des crédits européens reversés aux collectivités et 82 millions correspondent à un leasing interrompu pour l'achat de rames de train déjà pris en compte précédemment.

Si Wauquiez n’a certes inventé ni la propagande ni la manipulation par le mensonge, il en a porté la maîtrise et l’utilisation systématique à la perfection. Méfiez-vous de ses allures de Père-Noël, sa hotte contient surtout des emballages vides !

 


(Article initialement paru dans le numéro 139 de La Galipote –  Printemps 2019)

 

 

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